Tisha Beav / 9 Av

Le 9 Av, Tisha Beav, ou jeûne du cinquième mois est, avec Yom Kippour, l'unique jeûne à caractère obligatoire et durant 25 heures.



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Tisha BeAv
Francesco Hayez 017.jpg
Destruction du Temple de Jérusalem, par Francesco Hayez

Nom officiel Hébreu : ???? ???
Observé par le judaïsme
Type Fête religieuse
Signification Deuil pour la destruction du Temple de Jérusalem
Date 9e jour d'Av
Date 2008 10 août
Date 2009 30 juillet
Date 2010 20 juillet
Observances jeûne, prière

Le 9 Av, Tisha Beav (???? ???), ou jeûne du cinquième mois est , avec Yom Kippour, l'unique jeûne à caractère obligatoire et durant 25 heures.

Cependant, au contraire de cette fête, il ne s'agit pas un jeûne d'expiation mais bel et bien de deuil, ce jour étant selon certains le jour le plus triste dans l'histoire juive"[1].

Tisha BeAv tombe en été, le mois de Av correspondant dans le calendrier grégorien à une période entre la mi-juillet et la mi-août.

Le jour le plus triste de l'année juive

L'origine de Tisha Beav

Selon une mishna énoncée dans le traité Taanit 4 :6, énumérant cinq évènements ayant eu particulièrement lieu le jour du 9 Av, et justifiant un jeûne chacune à elle seule. Ce sont :

  1. Le retour et la faute des explorateurs dépêchés par Moïse. (Nombres ch 13-14)
  2. La destruction du Premier Temple en l'an 3338 -586 av JC
  3. La destruction du Second Temple en l'an 3828 l'année 68 après JC
  4. La fin de la révolte de Bar Kokhba, qui s'acheva sur la destruction de la forteresse de Betar en l'an 135 apres JC
  5. La destruction de Jérusalem un an plus tard.

Poursuivant l'esprit de cette mishna, le midrash de la parashat Shla'h lekha (Nombres ch 13-14), qui relate l'épisode de la médisance des explorateurs, fait découler de cette seule calamité l'ensemble des autres : quand les explorateurs revinrent de leur mission en Canaan avec leur rapport exagérément alarmiste, selon la Torah, c'était un 9 Av.
Les enfants d'Israël se mirent alors à se lamenter ainsi qu'à pleurer sur leur sort malheureux qui les avait conduit jusqu'ici, tandis qu'ils étaient si bien en Égypte !
Dieu, courroucé par un tel comportement, jura tandis que, dans la mesure où ils voulaient pleurer, Il donnerait à leur postérité de véritables raisons de se lamenter.
D'après la Torah, la génération d'Israélites, que Moïse avait conduits hors d'Égypte 16 mois plus tôt, fut condamnée à mourir dans le désert, et l'entrée en Terre d'Israël fut différée de 40 ans. Selon Abravanel, qui s'appuie sur la parashat Devarim, cette condamnation s'étendait à Moïse lui-même, raison pour laquelle il ne put pénétrer dans la Terre promise.

Dans le commentaire talmudique de cette mishna, on objecte que la destruction du Second Temple n'eut pas lieu le jour précis du 9 Av, mais qu'elle est thématiquement associée à ce jour de jeûne (selon ce commentaire, le feu qui consuma Jérusalem fut allumé ce jour, mais son œuvre se poursuivit jusqu'au jour suivant, et la destruction aurait par conséquent techniquement eu lieu le 10 Av).
D'autre part, le Talmud ne donne pas non plus de preuve que la forteresse de Betar tomba le 9 Av, mais reconnaît qu'il existe une tradition affirmant que ce fut bien le cas.

Les destructions

Le 9 Av de l'an -586 EC, Nabuchodonosor II, 11 ans après avoir exilé le roi Joaiquin et les charpentiers, marche sur Jérusalem, détruit la ville et le Premier Temple, exilant le peuple, ou une grande partie de ce dernier en Babylonie. Le 9 Av, 656 ans plus tard, Titus détruit le Second Temple, brûle Jérusalem, et exile les Juifs du royaume de Judée. Le 9 Av est à ces titres reconnu comme le début des deux exils.

D'autres jours de jeûne public furent décrétés, en relation avec la destruction de Jérusalem :

Autres calamités du 9 Av

Le 9 Av fut ensuite associé à bon nombre de malheurs pour les Juifs :

D'aucuns pensent qu'il s'agit là de folklore avant tout, et qu'on a tendance à dater l'ensemble des catastrophes tombant en été au 9 Av. Ceci n'est pas l'opinion la plus commune. Néanmoins, il est exact que de nombreuses commémorations se tiennent le 9 Av quand on n'en connaît pas la date. Un exemple en est la destruction des communautés rhénanes lors des Croisades.

Observance

Tisha Be'Av est marqué par le deuil, et comme tel, le Shabbat a préséance sur lui. Si le 9 Av tombe un Shabbat, le jeune sera repoussé d'une journee; on étudiera tout de même des sujets en rapport avec le 9 Av.
Le 9 Av n'est pas un jour chômé, quoique le travail soit hautement déconseillé. Il est cependant préférable de ne travailler qu'à partir de la mi-journée (après'Hatsoth).

Les restrictions

Comme à Yom Kippour, on observe à Tisha BeAv un jeûne complet (alimentation et boissons interdites, sauf déshydratation, ou prise de médicaments obligatoirement hydrosolubles) de 25 heures, depuis le coucher du soleil jusqu'à la naissance des étoiles le jour suivant.
Il ne s'agit pas ici d'expier mais de se lamenter. En outre, l'extrême pénurie d'aliments et boissons fut le lot de ceux qui virent la destruction des Temples (cf. les Lamentations de Jérémie, pour le Premier Temple).

Sont aussi interdits :

Au cours de la première partie de la journée, on s'assied sur des chaises basses (à 30, 48 cm du sol maximum) comme au cours de la période de deuil de sept jours.
On évite les embrassades, les salutations cordiales, les sourires, ...
Sources : Choulhan Aroukh Orah Hayim 552-557.

L'étude de la Torah "réjouit le cœur" (Psaumes 19 :9) ; elle est par conséquent déconseillée, à l'exception du Livre des Lamentations (meguilat Eikha), ses commentaires midrashiques, le livre de Job, les prophéties de Jérémie, les passages talmudiques liés à la destruction du Temple, etc.

Les mesures de deuil sont moins sévères l'après-midi : on peut par exemple s'asseoir sur des chaises plus élevées, ou s'adonner plus librement au commerce. [4]

Erev Tisha Beav

Le soir du 9 Av (dans le judaïsme, le jour commence à la tombée de la nuit, cf. récit biblique de la Genèse), l'atmosphère est humble et dépouillée, l'éclairage réduit au minimum, l'Almémor est nu, l'Arche sainte dépourvue de sa parokhet. Après l'office du soir, on s'asseoit sur des sièges bas. Le Hazzan récite plaintivement la meguilat Eikha. Il est ensuite de coutume de lire des kinnoth (élégies). [5]

La lecture des kinnoth est d'apparition récente : le siddour de Rav Amram Gaon, rédigé au neuvième siècle, ne le mentionne pas. Par contre, il indique déjà que le 9 Av, le fidèle récitera le livre de Job.

Sha'harit Tisha Beav

La prière du matin se fait dans la même atmosphère. Au contraire de l'habitude de le faire le matin, certaines communautés ne revêtent le tallit et les tefillines, que l'après-midi du fait du deuil. On lit une section du Deutéronome (4 :25-40, menace en cas d'idolâtrie des Israélites). La Haftara est issue du Livre de Jérémie. On lit aussi des kinnoth. [6]

Min'hat Tisha Beav

Pour l'office de l'après-midi, ceux qui ne l'ont pas fait le matin, revêtiront tallit et tefillines et une prière spéciale, dite de consolation (Na'hem) est intercalée dans la 'Amida, à la 14e prière, pour la reconstruction de Jérusalem[7]

Après Tisha Beav

Il est de coutume de se laver les mains, fût-ce par hygiène.
Si Tisha BeAv tombait un dimanche, comme la bénédiction sur le vin ne pouvait être faite lors de la Havdala, elle est faite à la fin de Tisha Beav. On ne récitera que les bénédictions sur le vin et HaMavdil, mais pas la bénédiction sur la bougie, celle-ci ayant été allumée à la fin de Shabbat. On ne récite pas non plus la bénédiction sur les épices.

La viande, le vin, les baignades d'agrément et la coupe de cheveux et/ou le rasage sont évités jusqu'au lendemain midi, le Second Temple ayant brûlé jusqu'à ce moment-là. Les Sages jeûnaient d'ailleurs jusque là, selon le Talmud.

La poursuite de ces restrictions n'a pas lieu si le 10 Av tombe un Shabbat.

Le premier Shabbat après Tisha Beav est nommé Shabbat Nah'amou, selon les premiers mots de la Haftara tirée de la fin du Livre d'Isaïe (40 :1-27 : "Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu"). C'est la première d'une série de sept haftarot de consolation, les shiv'a dene'hemata qui s'échelonneront jusqu'à Rosh Hashana[8].

Évolution des coutumes

Dans la période de rédaction du Talmud, l'observance du 9e jour du mois d'Av revêtit un aspect de tristesse et d'ascétisme de plus en plus marqué.

À la fin du deuxième siècle de notre ère, ce jour a néanmoins perdu énormément de sa sinistrose, au point que Rabbi envisage de l'abolir, ou selon une autre version, d'en atténuer l'importance quand le jeûne doit être décalé du Shabbat au premier jour de la semaine (c'est-à-dire du samedi au dimanche) (Source : Talmud, traité Meguilla 5b).

La stricte observance des coutumes de deuil en rapport avec le 9 Ab s'imposa à nouveau dans les époques post-talmudiques, surtout aux heures les plus sombres de l'histoire Juive, du XVe au XVIIIe siècle.

Maïmonide, légaliste du XIIe siècle, émet l'opinion dans son Mishné Torah, que les restrictions, telles que consommer des mets carnés ou boire du vin, ne s'appliquent qu'au dernier repas du 8 Ab, précédant le jeûne, s'il est pris l'après-midi. Par contre, avant midi, il n'y a aucune restriction (Hilkhoth Taanit 5 :8).

Moïse de Coucy (XIIIe siècle) rédigé que c'est une coutume universelle que de se retenir de mets luxueux toute la journée précédant le 9 Ab (Sefer Mitzvot hagadol, éd. Venise, Lois sur Tisha BeAv, 249b).

Yossef Karo (XVIe siècle), auteur du Choulhan Aroukh et du Bet Yossef, rédigé que certains ont pour coutume de s'abstenir de viande et de vin depuis le début de la semaine à laquelle tombe le 9 Ab; et que d'autres s'en abstiennent pendant les trois semaines à partir du 17 Tammouz (Choulhan Aroukh, Orah Hayim 551).

Les interdictions devinrent plus nombreuses, et on interdit de se marier durant cette période, et d'autres signes de deuil toujours.
Finalement, le Rav Moïse de Coucy dit que certains ne mettent pas leurs phylactères (tefilline) à Tisha Beav, une coutume fort répandue ensuite (cf. supra on ne les met pas le matin, mais bien l'après-midi).
De la sorte, toutes ces coutumes, originellement conçues pour marquer sa piété de manière inhabituelle, devinrent finalement la règle à suivre pour tous.

Faut-il abolir le 9 Av dans l'État d'Israël?

Au cours du XXe siècle, un état juif ayant été rétabli sur la Terre d'Israël, énormément de sionistes religieux furent d'avis que la commémoration de Tisha BeAv se devait d'être modifiée, ou alors convertie en jour de joie.

Ce sujet fit naître une importante correspondance entre les sionistes religieux. Les Haredim et les Hassidim, mais aussi la majorité des rabbins orthodoxes, considèrent que la création de l'État, quoique particulièrement importante et positive, n'est pas suffisante pour abolir le deuil causé par la perte des temples et les autres catastrophes précitées, du moins jusqu'à la venue du Messie, où Tisha Beav deviendra effectivement jour de fête.

Le comité légal de la mouvance Massoretit (Judaïsme conservateur) se pencha sur les questions "Faut-il toujours jeûner aujourd'hui à Tisha Beav, tandis que nous avons regagné notre souveraineté et notre indépendance ? Pouvons-nous diminuer les signe de deuil et manger après Minha (l'office de l'après-midi)  ?", et publia deux réponses :

Néanmoins, les juifs considèrent actuellement le 9 Av comme un jour douloureux et de souvenir de la destruction du Second Temple, du fait que l'ensemble des Juifs ne soient pas encore réunis en Israël, que le Messie ne soit pas encore venu, et que le Troisième Temple n'ait pas encore été reconstruit.

Autres traditions

Certaines souces juives classiques affirment que le Messie naîtra un 9 Av.

Lien externe

Références

  1. Telushkin, J. Jewish Literacy. William Morrow & Co, 2001, p. 656 (désolé, c'est en anglais)
  2. La musique durant les Trois semaines
  3. Récits de l'expulsion des Juifs d'Espagne par les Juifs espagnols
  4. Ernest Gugenheim, Le judaïsme dans la vie quotidienne Coll. Présences du judaïsme, Ed. Albin Michel, ISBN 2-226-05868-0.
  5. Ernest Gugenheim, Le judaïsme dans la vie quotidienne Coll. Présences du judaïsme, Ed. Albin Michel, ISBN 2-226-05868-0.
  6. Ernest Gugenheim, Le judaïsme dans la vie quotidienne Coll. Présences du judaïsme, Ed. Albin Michel, ISBN 2-226-05868-0.
  7. Ernest Gugenheim, Le judaïsme dans la vie quotidienne Coll. Présences du judaïsme, Ed. Albin Michel, ISBN 2-226-05868-0.
  8. Ernest Gugenheim, Le judaïsme dans la vie quotidienne Coll. Présences du judaïsme, Ed. Albin Michel, ISBN 2-226-05868-0.
  9. Proceedings of the Committee on Jewish Law and Standards of the Conservative Movement 1927-1970 - Volume III Ed. David Golinkin, The Rabbinical Assembly, Jerusalem, 1997. Responsa relating to this topic in this volume include Marriage during the Sefirah 1949; Restraint on Marriages During the Omer Days 1952; A Dvar Torah Suggested by Lag Baomer 1962; Weddings During the Three Weeks 1964; Weddings During the Three Weeks 1968.

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